Santé, handicap, souffrance psychique : comment les prendre en compte dans l’accompagnement des jeunes ?

La santé est l’un des aspects essentiels à prendre en compte dans l’accompagnement des jeunes en insertion. Il ne s’agit pas seulement de l’état physique de la personne mais aussi de sa santé mentale et d’éventuels handicaps, visibles ou invisibles…en bref, tout ce qui est susceptible d’entraver son parcours d’insertion. Intégrer la question de la santé ou du handicap dès la construction du projet professionnel du jeune et dans son accompagnement accroît ses chances de réussite.

La santé des jeunes

D’après Santé Publique France (1), les jeunes se perçoivent comme étant en bonne santé, et ils le sont. Néanmoins, il existe des disparités entre jeunes et celles-ci qui peuvent être expliquées par leurs conditions de vie et les comportements en matière de santé installés dès l’enfance (la sédentarité, les habitudes alimentaires, l’exposition à l’écran) et dans l’adolescence (le tabagisme, la consommation d’alcool et des substances, etc.). Chez les jeunes en insertion, il n’est pas rare qu’un bénéficiaire souffre d’un ou de plusieurs problèmes de santé. L’obésité, les carences nutritionnelles, les caries dentaires, les infections sexuellement transmissibles, les addictions, les troubles de comportement alimentaire, la dépression…font partie des problématiques fréquemment rencontrées chez ce public. En effet, être en bonne santé ne veut pas dire uniquement l’absence de maladies ou d’infirmité. La santé, telle que définie par l’OMS(2), est « un état de bien-être physique, mental et social ». Il est donc essentiel de prendre en compte la santé dans sa globalité.

Prendre en compte de la santé mentale des jeunes

Avant de devenir adultes, les jeunes traversent une période de turbulence et de vulnérabilité qui peut entraîner des souffrances psychiques, pouvant aller d’une déprime passagère à des troubles psychiques caractérisés. Selon l’OMS, environ la moitié des troubles mentaux se manifestent avant l’âge de 14 ans mais, malheureusement, la plupart des cas ne sont ni détectés ni traités. Les jeunes sont particulièrement touchés par l’anxiété, la dépression, les troubles de comportements, etc. Certains développent des troubles plus sévères tels que la schizophrénie. Sans une prise en charge précoce, les conséquences de ces troubles peuvent se faire sentir jusqu’à l’âge adulte. En France, si la dépression est l’un des principaux motifs d’incapacité dans la population, elle est également la cause de nombreux décès par suicide, notamment chez les jeunes où le suicide est la deuxième cause de mortalité.

Intégrer l’aspect santé dans l’accompagnement

Accompagner un bénéficiaire confronté à des problématiques de santé – mentale et/ou physique – requiert quelques connaissances de base dans ces domaines. Sans remplacer un professionnel de la santé, l’accompagnant dans le champ socio-professionnel doit être capable de repérer des signes révélateurs de pathologies et de se sentir légitime pour aborder ces questions avec le jeune. Après une première appréciation de la situation, le jeune peut être informé puis orienté vers une prise en charge adéquate en cas de besoin. Dans une approche globale de l’accompagnement, ces compétences sont particulièrement utiles au conseiller, d’autant plus que le projet professionnel du jeune s’élabore en intégrant ses contraintes de santé ou les limites imposées par son handicap, ainsi que ses besoins de soins à court et à long terme. Sans cela, le projet aura peu de chances de réussir.

Il est important de souligner le fait que de nombreux jeunes sont en situation de handicap sans que cela soit perçu par les autres. En effet, les types de handicap qu’on reconnaît au premier abord ne représentent que la partie visible de l’iceberg ; les autres, qui entraînent des limitations physiques, mentales, sensorielles ou cognitives chez la personne, sont invisibles et donc difficiles à détecter. Visibles ou non, les handicaps provoquent de la souffrance et entravent l’insertion sociale et professionnelle du jeune.

Dans le cas où le jeune est dans le déni, le conseiller l’aidera à mieux accepter la situation afin d’intégrer ses contraintes et limites dans l’élaboration de son projet professionnel. Cette tâche peut parfois s’avérer délicate, et certains conseillers ressentent de l’inconfort lorsqu’il s’agit d’amener le jeune à confronter ses aspirations professionnelles à la réalité de son état de santé ou de son handicap. Dans de telles situations, l’assertivité et la juste posture de l’accompagnant sont plus que jamais nécessaires pour aborder le sujet sans détruire l’estime de soi et la confiance en soi du jeune.

Handicap et insertion : un accompagnement spécifique

Une fois que le jeune a accepté son handicap, il peut demander la reconnaissance de celui-ci pour favoriser son insertion. En effet, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) peut faciliter cette insertion en mobilisant des acteurs et des dispositifs spécifiques dans le domaine du handicap au service du jeune, que ce soit en termes de prise en charge, d’aides financières, de recherche de logement adapté, de formation, de financement, etc.

Si le jeune en situation de handicap est proche de l’emploi, un accompagnement de l’employeur peut être envisagé pour favoriser le recrutement. Puisque dans les petites entreprises, le recruteur n’est pas toujours bien informé sur la question du handicap, il est parfois utile de lui rappeler le cadre juridique – en particulier l’OETH (obligation d’emploi des travailleurs handicapés) et les cotisations qu’il doit verser en cas de non-respect du seuil de 6% – et de l’informer sur les aides techniques et financières mobilisables (par exemple auprès de l’AGEFIPH et Cap Emploi) pour adapter ou aménager le poste si besoin. Enfin, une politique de recrutement inclusive peut produire des effets positifs sur l’entreprise car, en plus de répondre à l’OETH, elle contribue à construire l’image d’une entreprise « handi-accueillante » et soucieuse de sa responsabilité sociétale.

(1) www.santepubliquefrance.fr
(2) www.who.int/fr

Maï LÊ-GAUTHIER – Équipe pédagogique de Ressources et Carrières

Accompagner une personne en situation de handicap (2 jours)
🕒 06 – 07 juin ou 18 – 19 novembre 2024

Repérer les souffrances physiques et psychiques pour mieux accompagner ou orienter (3 jours)
🕒 16 – 17 septembre 2024 + 11 octobre 2024

Optimiser le recrutement, l’intégration et le maintien de personnes handicapées dans l’emploi (2 jours)
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